Depuis toujours, la seconde guerre mondiale est un moment de l'histoire qui m'intéresse beaucoup. J'ai fait des tonnes et des tonnes de recherches et j'ai eu des discussions avec plusieurs de mes professeurs à ce sujet. Encore aujourd'hui, je cherche à dépoussiérer les causes, à évaluer les conséquences et même à comprendre Hitler qui a su mener cette bataille d'une façon que le monde n'avait jamais encore connue. Tous ces gens tués, toutes ces injustices commises, nous devons ouvrir les yeux et regarder un peu vers le passé.
Grâce à un auteur que je respecte fortement et que j'adore, j'ai eu la chance, tout récemment, de lire un roman historique, mais à la fois très personnel mettant en scène la vie d'Hitler, le dictateur, mais surtout le bon parleur. Soit, La part de l'autre d'Éric Emmanuel Smitt. D'une part, on raconte le cheminement réel d'Adolf Hitler, un autrichien de souche qui, n'ayant pas été admis à l'école des Beaux Arts de Vienne, se voit désormais homme de la rue. Tranquillement, sa solitude et son adoration de lui même le mène vers la folie. Ayant été soldat lors de la Première Guerre Mondiale, Adolf ne réalise qu'il est antisémite que lorsque celle-ci se termine. Il déclare alors que les Juifs sont responsables de leur défaite. Sa haine grandit de jour en jour, jusqu'à ce qu'il se voit offrir un poste de politicien où il pourra désormais appliquer ses pensées... D'une autre part, le roman nous démontre le parcours qu'aurait eu le même homme, Adolf Hitler, si au contraire, il aurait été accepté à cette école artistique dont il rêvait depuis son enfance. Assez jeûne, cet Hitler prend le goût à la vie, aux femmes, aux plaisirs. Ils se développe normalement, se fait des amis. La guerre le dérange, mais ses obligations en temps qu'homme l'oblige à y participer. Il en sortira certes, plus fort, mais aussi plus troublé. Ses relations amoureuses compliquées ne feront qu'agrémenter sa vie assez banale.
Ce roman, comme l'auteur l'a noté à la fin du livre, n'a pas été facile à écrire. Je le comprends totalement. Qui serait capable de se glisser aussi bien dans la peau d'un personnage qui, depuis des décennies, hante des pays entiers dans lesquels il a fait des ravages? Peu de gens. Mais avec l’agilité d'un raton laveur, Éric Emmanuel Smitt y est parvenu haut la main. Son style, bien qu'assez lourd quelques fois, détaillait à la perfection les sensations qu'un être semblable à Adolft Hitler aurait pues ressentir. C'était comme si tout à coup, nous avions un accès privilégié à ses idées, à ses émotions. Avec un certaine culpabilité, je me mettais certaines fois à éprouver de la compassion et même de l'admiration pour l'Hitler qui avait choisi le mauvais chemin. Tout cela causé par l'incroyable fusionnement de l'auteur et de son personnage, ce que je trouve personnellement remarquable.
Par contre, je ne vous dis pas que la lecture de ce roman était de tout repos! Ça non! Au contraire, je choisissais des moments particuliers où je me croyais capable de supporter ces mots parfois bouleversants, ces longs passages descriptifs et historiques. Il m'arrivait aussi de relire une deuxième fois une même page pour être bien sûre que j'en avais compris toutes les grandes lignes. Pourtant, à bien y penser, je n'aurais jamais apprécié ce livre de la même manière si ces détails n'en auraient pas fait partie. Nous aurions manqué l'essentiel selon moi, puisque la façon d'agir d'Hitler était subtile, mentale. Sans analyser les moindres faits et gestes de sa vie, l'auteur n'aurait jamais su en dresser un portrait aussi exact et touchant.
Bref, ce roman fût bénéfique non seulement pour ma culture générale, mais aussi pour ma conscience. Et si dans chacun de nous se cachait un être destructif, imbu de lui même? C'est exactement à cette question que l'auteur nous fait réfléchir lors de notre lecture de ce chef d'oeuvre anormalement étonnant.